M. Moussa M’Bengue c’est le sécretaire exécutif d’ADEPA/WADAF. Il dirige la formation pour leaders sociaux de la pêche artisanale.
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L’association ADEPA existe depuis 1992. Son siège est à Dakar (Sénégal). L’ADEPA a mis en marche la formation de responsables dans différents métiers du secteur de la pêche artisanale. Cette formation s’appuie sur 5 modules qui se déroulent sur trois ans. Les acteurs de cette formation sont des professionnels de la pêche artisanale (pêcheurs, mareyeurs, transformatrices de poissons). 51% des participants sont des femmes. Pendant la formation, grâce à la méthode du Process U, les leaders ont pu échanger leurs connaissances sur la thématique de la pêche. Leurs savoirs ont pu être valorisés au même titre que les savoirs et connaissances dites scientifiques et universelles.
Dans la salle de classe, les gens, ensembles, vont partager leurs savoirs sur la base aussi des rencontres et échanges au cours des visites de terrain. Ils sont accompagnés par les formateurs qui vont faciliter l’échange.
Les connaissances partagées dans les modules de formation viennent des bénéficiaires mais cela bénéficie aussi aux experts de la pêche et de l’administration présents. Eux aussi sont, pour une part, en situation d’apprentissage. Un rapport positif s’établit entre les personnes qui vont échanger leurs pratiques et aussi avec les formateurs qui vont les valoriser. Il n’existe pas un rapport hiérarchique entre formateur et leader en formation. La formation, à travers une dynamique d’immersion dans la réalité, permet aux élèves, de faire des visites in situ sur le terrain pour observer et apprendre. Les participants vont être sur le terrain pour observer la réalité et la comprendre grâce à l’ouverture de tous leurs sens. Ce qu’ils vont restituer ce sont aussi des émotions, des surprises qu’ils vont ressentir et vivre. Avant les visites de terrain, il existe une préparation pour que les gens soient prêts non seulement à apprendre de nouveaux savoirs mais aussi à partager, à échanger ce qu’ ils connaissent.
La formation va s’appuyer sur la réalité que vit chacun ou chacune. Chaque participant à la formation doit construire un projet local qui sera validé par la communauté dans laquelle ils vivent. Par conséquent, la formation débouche sur une série de projets/processus d’actions collectives dans lesquels ces personnes en formation jouent un rôle majeur. 45 leaders de huit pays ont été formés . Ces derniers impliquent 235 autres professionnels qui vont participer à ces projets mais qui auront aussi bénéficié dans leurs pays des retours de ces 5 modules de formation qui auront été organisés. La formation peut être interprétée comme un moment de renforcement de compétences. Les personnes en formation vont aussi être capables de faire émerger leur émotions, dans le cadre de la démarche “process U”. De cette manière, ils peuvent mieux partager ce qu’ils ressentent, faire une place à leurs ressentis et une autre à leurs analyses rationelles. Ceci est favorable pour clarifier les situations et trouver des solutions nouvelles.
Pour faire face aux conflits, ils réalisent des “brainstorming”. C’est-à- dire qu’ils font un diagnostic à partir de leurs propres expériences. Pour apprendre à gérer les conflits, les formateurs, vont fournir aux personnes en formation des éléments plus structurels pour gérer ces conflits. Ilest donc favorisé aussi une production de nouvelles connaissances à partir des connaissances existantes. Ces connaissances nouvelles vont apparaitre à partir du lien entre des connaissances différentes. Ceci est favorisé par des pratiques intuitives. des pratiques mobilisant les intuitions personnelles et collectives. Elles vont pouvoir devenir des nouvelles connaissances partagées et élaborées. Mais nous sommes preneurs d’autres éléments pour former les personnes afin qu’elles puissent faire face aux conflits. C’est un thème important pour lequel nous sommes demandeurs.
Afin que leur formation soit validée, chacun ou chacune va être évaluée. L’intention est de découvrir quels savoirs ils ont acquis dans chaque module. Du début à la fin de la formation, il est mis en marche un processus de suivi et de contrôle des leaders formés. Les personnes en formation vont elles mêmes préciser les progrés qu’elles ont accomplis, les savoirs et compétences qu’elles ont acquises. L’idée est de faire avancer les leaders au niveau supérieur de compréhension du secteurs de la pêche à partir de leurs connaissances, mais aussi de les former sur des thématiques scientifiques qu’ ils ne connaissent pas (la gestion des écosystèmes marins) . Il faut aussi que les leaders connaissent bien les enjeux politiques et sociaux dans leur pays, pour aussi, après, jouer un rôle dans leurs communautés et leurs organisations de pêcheurs, de mareyeurs et de transformatrices de poisson.